Floris Dutoit (1993) Floris privilégie des lignes franches, des surfaces poreuses, lisses et bombées, des figures lisibles et assagies, se détachant crûment de leur fond de toile de lin (et...
Floris privilégie des lignes franches, des surfaces poreuses, lisses et bombées, des figures lisibles et assagies, se détachant crûment de leur fond de toile de lin (et de coton). Le textile brut offre la teinte dominante de l’exposition, un liant entre la série de cochons en salopette, celle des chaises de jardin, ainsi qu’un milieu concret, immaculé et statique.
Le nombre de sujets est donc réduit1 et concentre notre attention sur leurs variations et la technique singulière développée par l’artiste : une peinture, exécutée horizontalement, avec de la résine teintée dont le séchage est accéléré par l’adjonction d’un durcisseur.
Peindre à l’horizontal : une pratique répandue induisant des petits ou moyens formats le plus souvent, la table de l’atelier en étant le plan de travail limitatif. Pour Floris Dutoit, la filiation relève du pouring, technique consistant à déverser, depuis le pot, la peinture sur la toile. Ce processus fût mis au point dans les années 50, par l’artiste américaine Helen Frankenthaler bien qu’éclipsé à l’époque par « l’innovation » du dripping de Jackson Pollock, technique proche et précédemment expérimentée par Max Ernst.
La géométrie de la forme ajourée de la « chaise de jardin en plastique » permet ici de structurer l’espace des compositions, lire les lignes de perspective, imprégner la toile crue d’une profondeur, quand bien même la résine expurge tout effet d’ombre propre à ces objets monochromes. La surface unie de la toile ne serait plus tant perçue comme une matière nonobstant l’élasticité de sa tension sur le châssis que semble explorer, avec humour, la distorsion de la figure porcine, occupant pleinement les formats, comme une assiette de buffet froid bien garnie : plan tête-épaule (persillée) ou plan pied (de porc).
extrait texte "Au revoir" Simon Feydieu, août 2023