Présenté pour la première fois à la galerie Henri Chartier, Olivier Cans est l'auteur d'une
oeuvre protéiforme qui joue de l'assemblage et de la récupération, dans des mises en scènes photographiques hybrides. Flirtant avec une actualité artistique exploitant les liens art/science, on pourrait dire que le courant passe. Mais Olivier Cans impulse aussi une autre énergie, un signal en charge d'une mythologie individuelle plus élaborée.
De l'enfance rêvée ne restent plus que les poupées; des «Actions Man» camisolés, empaquetés, plutôt bien ficelés! Super-héros à leurs heures, ils taguent parfois les murs. Non sans dérision, la célèbre figurine, égérie clonée des années 60 et incarnation d'une consommation débordante, renoue avec le geste primordial: berceau de l'art et de l'écriture. Et c'est encore elle qui est en charge des autoportraits de l'artiste! Un simple je(u) donc, qui porte le poids d'une image complexe. Un clin d'oeil sans doute à Annette Messager dont Olivier Cans fut l'élève. Il n'empêche qu'il a de l'idée! Diront certains, face
à ses têtes électrisées.
Comme autant d'excroissances, nature (morte?) et culture s'affrontent dans des compositions, où l'artiste, en état de nudité, se cache pour devenir chimère, déformé derrière le masque de «l'inquiétante étrangeté». On en revient alors au je(u), plus effrayant: la Ball dans son Cans; tandis que cette fichue poupée, vieux fétiche, trône sur les vestiges d'une culture qui s'enivre, en vain, des «paradis artificiels».
Laëtitia Blanchon, conférencière en histoire de l'art