Henri Comby (1928-2004) À l’âge de quatorze ans, son voisin, un maître verrier, lui transmet sa passion du dessin. Il étudie successivement à l’école des Beaux-Arts de Lyon, puis à...
Henri Comby (1928-2004) À l’âge de quatorze ans, son voisin, un maître verrier, lui transmet sa passion du dessin. Il étudie successivement à l’école des Beaux-Arts de Lyon, puis à Paris à l’Académie de la Grande Chaumière et à l'Académie Ranson. Il fréquente les ateliers de Fernand Léger et Jean Deyrolle. Pour gagner sa vie il découvre la sculpture en devenant tailleur de pierre, au Puy en Velay pour le sculpteur d'art liturgique Philippe Kaeplin.
Duralinox
A partir des années soixante-dix, admiratif des évolutions technologiques - c'est l'époque des voyages sur la lune, du Concorde, Comby cherche à s’approprier les nouvelles possibilités techniques de son époque. Abandonnant le martelage et la soudure des tôles de cuivre et de laiton, il conçoit cette série « Duralinox » entre 1969 et 1979.
La variété des thèmes propres à l'artiste n'est pas différente de celle des autres matériaux : monstrance ou tabernacle sur la fée mécanique intérieure, portes coulissantes ou stabilité pour Thanatos sur pyramide. Les idoles, têtes, cranes, ou piques, sont ici plus stylisés, géométriques, car ils répondent à une fabrication industrielle, ce qui fait toute leur originalité. En effet, ces œuvres sont exécutées, non pas par la main de l’artiste, mais en usine sur des machines-outils, à partir de plans très détaillés, côtés à l’échelle du millimètre.
Le duralinox est un alliage très présent dans les ateliers de décolletage, encore aujourd'hui fleurons de l'industrie de française. Comby apprend à maîtriser les tours fraiseuses, taraudeuses et autres polisseuses chez ST Tissot Dupont à Faverges puis la CAO dans un stage chez le constructeur Renault à Boulogne-Billancourt. Ces entreprises ont invité, dans les années 80, des artistes du métal à mettre en lumière, par leur création, ce nouvel outil industriel, dont le potentiel est encore peu connu. Il y rencontrera l'artiste américaine Caroline Lee, également passionnée par l'usinage des métaux, avec laquelle une amitié indéfectible le gardera lié jusqu’à la fin de sa vie.
Il déclarait à l’époque : « il était tentant de savoir jusqu'où l'homme pouvait influer sur les hautes capacités des machines. Cette idée m'est venue, au fil des dix années où, incorporant dans mes sculptures en laitons, les pièces insolites trouvées sur les chantiers de démolitions maritimes, j'en suis venu à envier leur qualité de fabrication. De cette jalousie est né le besoin d'égaler donc de me servir moi-même des mêmes méthodes engendrant la perfection technique incluse ».
Ces expériences déboucheront sur une collaboration fructueuse avec la société MECANO TECHNIQUE de Marseille et la réalisation d'une quarantaine de pièces dont environ vingt-cinq ont été présentées récemment au Musée des Gueules Rouges de la Provence Verte, trouvant dans ce musée dédié à l’aluminium et aux hommes qui en était à l’origine, un écrin dont le sculpteur aurait certainement heureux.
La finition polie des œuvres leur confère un aspect raffiné que l'artiste a travaillé en étudiant les travaux sur la "perspectiva corporum regularium" de l'orfèvre renaissant allemand Wentzel Jamnitzer et qui élève ces inspirations industrielles en objet précieux. Deux sculptures monumentales en Duralinox seront réalisées pour la dalle de La Part-Dieu à Lyon (parvis de la Tour du Crédit Lyonnais) et à Metz au Lycée Louis Vincent.