"En 1972, je rentre à l’école de Beaux-arts de Tokyo. J’y apprends le croquis et la peinture à l'huile de manière académique en suivant les thèmes qui nous étaient attribués. Cependant, je me questionnais toujours sur ce que je voulais dessiner vraiment.
A la fin de mon cursus à l’école des Beaux-arts, l’envie de découvrir l’art occidentale se précise. En 1979, je quitte le Japon et m’installe dans le sud de la France.
Devant la montagne Sainte-Victoire, je me suis dit que Cézanne avait essayé d'être le plus sincère possible avec ce que ses yeux voyaient, avec sa manière de voir les choses. Ce que j'avais appris aux beaux-arts, c'est-à-dire les plans complexes et maniérés changeants constamment de point de vue ou la manière de créer un espace en utilisant des couleurs claires ou sombres, tout cela me sembla être construit à partir de ma sensibilité. Je voulus alors pouvoir ressentir ce que Cézanne avait vu et ressenti, et je décidai de rester là quelque temps.
Pour poursuivre mon apprentissage je rentre à l’école des Beaux-Arts d’Aix en Provence puis à l’école d’art et d’architecture de Luminy, Marseille, de 1979 à 1983.
La rencontre avec Toni Grand (1935-2005) à l’école d’art de Marseille fut déterminante. Me questionnant encore beaucoup sur mon travail de dessin, Toni Grand me suggéra de dessiner avec une grande brosse en utilisant pleinement le corps. J'essayai de dessiner de cette manière, en utilisant mon corps et en me concentrant seulement sur son rythme et sur ma respiration. En répétant cela, je m'aperçus qu'il y avait des images qui apparaissaient sur les traces de la brosse.
Les images commencèrent à être plus concrètes et plusieurs d'entre elles sont devenues des motifs familiers à mon travail."
SAKO Yachiyo, juillet 2021